META-PROJET
Dernière mise à jour le 31/12/2012

Méta-connaissances

"L'idée du cercle n'est pas un objet ayant un centre et une périphérie comme le cercle, et pareillement l'idée d'un corps n'est pas ce corps même. Etant quelque chose de distinct de ce dont elle est l'idée, elle sera donc aussi en elle-même quelque chose de connaissable; c'est à dire que l'idée, en tant qu'elle a une essence objective et, à son tour, cette autre essence objective, considérée en elle-même, sera quelque chose de réel et de connaissable et ainsi indéfiniment." Spinoza Traité de la réforme de l'entendement

La vraie connaissance est de connaître sa connaissance: c'est cela la méta-connaissance. Les connaissances et les méta-connaissances sur un domaine sont indissociables et doivent faire l'objet d'une étude poussée sur leur structure interne, avant même d'essayer de les déclarer dans quelque langage que ce soit. Le but de ces quelques lignes est d'approcher par des définitions ce que recouvre le concept de méta. Avant cela, il est nécessaire de s'attarder sur des définitions au niveau des connaissances. La connaissance ne reflète pas directement le réel elle le traduit et le reconstruit en une autre réalité.

Qu'est-ce qui crée l'information à partir de la non-information, l'opération computante crée le programme qui crée le symbole qui crée l'information... Ils co-naissent ensemble. Ils connaissent.

Notre propos n'est pas de nous lancer dans une théorie de la connaissance qui est l'étude des problèmes que soulève le rapport du sujet et de l'objet dans l'acte de connaître. Il est d'approcher une définition de la connaissance à partir des concepts de raison et d'assomption.

"L'intelligence humaine n'a pas été placée en face du monde avec la faculté de le connaître pour tout arme: elle portait aussi en elle les notions premières indispensables pour le comprendre... Ces notions innées composent ce qu'on appelle la raison." Jouffroy, Nouveaux Mélanges, De l'organisation des sciences philosophiques.

"Il y a deux grands principes de nos raisonnements; l'un est le principe de contradiction...; l'autre est celui de la raison suffisante: c'est que jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est à dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon." Leibniz, Théodicée.

"La connaissance par la raison et la connaissance a priori sont une même chose." Kant, Critique de la raison pratique.

Certains paradoxes cessent d'être des paradoxes lorsqu'ils sont analysés aux différents Méta-Niveaux:

Le paradoxe du crétois Epiménide: "Tous les crétois sont menteurs."

"Tous les crétois sont menteurs." est une Méta-Proposition qui porte sur la véracité des Propos des crétois, cette phrase est un Méta-Propos. Epiménide en tant que crétois est un menteur (homme qui dit la négation d'une Proposition vraie) mais Epiménide n'a jamais dit que les crétois était des méta-menteurs (homme qui méta-dit la négation d'une Méta-Proposition vraie); bien que Epiménide soit un crétois, ce qu'il a méta-dit doit être considéré comme vrai.

Les méta-connaissances sont indispensables à l'homme pour exprimer des concepts, élaborer des stratégies; il est fondamental d'introduire au moins un niveau de méta à tout système qui doit effectuer des actions dites intelligentes.

Les méta-connaissances sont des connaissances d'un niveau d'abstraction plus élevé; il est donc possible de définir des méta-méta-connaissances et ainsi de suite indéfiniment.

Pratiquement un niveau méta-méta est suffisant dans la plupart des descriptions de savoirs. Un bon choix de description des méta-connaissances peut permettre le traitement des méta-connaissances par d'autres méta-connaissances, plutôt que par des méta-méta-connaissances, ce qui nous permet pratiquement de rester au niveau méta de description tout en disposant d'un niveau méta-méta d'abstraction.

Les connaissances et les méta-connaissances sur un domaine sont indissociables et doivent faire l'objet d'une étude poussée sur leur structure interne, avant même d'essayer de les déclarer dans quelque langage que ce soit. Il faut, avant tout, définir les méta-connaissances du domaine, voire les méta-méta-connaissances. Bien que la hiérarchie des niveaux méta soit illimité, il est bon de limiter ces méta-niveaux pour éviter des récursions infinies de monter d'abstraction. La "vraie" connaissance est de connaître sa connaissance: l'intelligence artificielle de demain portera sur les méta-connaissances. Enseignons les méta-connaissances de création de programme à un ordinateur afin qu'il puisse créer des programmes optimisés, et après un certain nombre de ré-armorcages, qu'il puisse se recréer lui-même. Ceci n'est pas de la fiction, c'est du domaine de la recherche.

"Conformément à la logique de Tarski, un système sémantique ne peut s'expliquer totalement lui-même. Conformément au théorème de Gödel, un système formalisé complexe ne peut trouver en lui-même la preuve de sa validité. En bref, aucun système cognitif ne saurait se connaître exhaustivement ni se valider complètement à partir de ses propres instruments de connaissance. C'est à dire que le renoncement à la complétude et à l'exhaustivité est une condition de la connaissance de la connaissance. Toutefois, la logique de Tarski comme le Théorème de Gödel nous disent qu'il est éventuellement possible de remédier à l'insuffisance auto-cognitive d'un système en constituant un méta-système qui puisse l'embrasser et le considérer comme système-objet" Edgar Morin La méthode 3 : La connaissance de la connaissance.

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